Archives pour la catégorie Oenologie

Des conseils et des astuces autour du vin, des articles pour approfondir vos connaissances oenologiques.

La fin du bouchon de liège ?


Pour certains, le bouchon de liège est irremplaçable. Ce petit outil historique est naturel, esthétique et surtout d’une grande efficacité pour obtenir du vin de qualité. Cependant, un certain nombre d’études rapportent que 3 à 5% des bouteilles du marché seraient bouchonnées à cause d’une molécule nommée TCA qui contamine le liège et donne le célèbre « goût de bouchon » ; les puristes doivent ainsi admettre que malgré ses nombreux avantages, le bouchon de liège n’est pas d’une qualité irréprochable. La présence d’une bouteille bouchonnée sur une caisse de douze est presque une fatalité, malgré la multitude de tests passés en vue d’une amélioration.

Une solution a néanmoins été trouvée face à ce problème, permettant une ouverture facile et une hygiène parfaite, mais difficile à être admise dans le monde viticole, la capsule à vis. Cette technique serait tout aussi qualitative mais ne permettrait pas une conservation infinie (des recherches sont en cours à ce sujet) : ce possible défaut n’est pas gênant pour les adeptes des vins encapsulés, étant donné que la mode actuel tend à une consommation expérientielle  plus qu’à une conservation longue durée des vins. La capsule à vis est moins esthétique, mais il n’y a pas besoin de tire-bouchon, aucun mauvais goût, et aucun problème d’étanchéité.

Le frein à ce procédé est avant tout d’ordre psychologique de la part tant des producteurs que des consommateurs. Les pays dits traditionalistes dans le monde viticole, comme la France, refusent de l’utiliser. Il s’agit selon eux d’une faute de goût ou d’une perte d’authenticité. Cet objet ne se trouve pour l’instant qu’en Suisse, en Australie, ou aux Etats-Unis… En France, seuls quelques domaines l’utilisent. Parmi eux, Florent Baumard du domaine des Baumard produisant des vins blancs de l’appellation Savennières, dont les clients se sont rapidement entichés du nouveau procédé, au point de ne plus vouloir de bouchon de liège… « Le consommateur est prêt à ce type d’avancée mais  à condition qu’un minimum de pédagogie soit effectué« , au dire de ce vigneron.

L’histoire viticole de la Champagne

Les vins de Champagne, vin des rois de FranceVille de Reims

La Champagne a accueilli au cours des siècles de nombreux rois de France. Clovis, fit en effet de ce lieu une région d’intérêt pour la Couronne Française, étant sacré premier roi des Francs en 498 à Reims par l’évêque Saint-Rémi, premier évènement d’une longue tradition de sacres des rois de France dans la ville champenoise de Reims. Les cérémonies étaient suivies de grands festins au cours desquels les vins de Champagne coulaient à flots.

Ces vins furent rapidement appréciés et reconnus pour leur qualité, devenant des cadeaux appréciables pour la haute société et les monarques. François 1er ou Louis XIV se virent ainsi offrir par la région, à l’occasion de leur couronnement, quelques centaines de pintes de vin (une pinte, ancienne mesure, représentant un peu moins d’un litre). Les vins de Champagne sont, dès cette époque, des vins de célébrations et d’évènements de prestige, une réputation perpétrée jusqu’à nos jours.

Vers l’effervescence du Champagne

Bulle de champagne

En matière vinicole, le pétillement et la mousse des vins est un phénomène connu depuis longtemps, comme en témoigne un papyrus égyptien en date du 23 octobre 522 après Jésus-Christ : énumérant les cas d’annulation d’une vente de vin, il citait la reprise de la fermentation au printemps. Cette seconde fermentation se traduisant par un pétillement était considéré comme un défaut du vin. Ce pétillement était ni régulier, ni compris, ni provoqué. Dès 1320, le vin d’Epernay était décrit dans un poème comme étant « clair, brillant, fort, fin, frais, sur la langue pétillant. » Mais ce pétillement n’était pas propre aux vins de Champagne.

L’histoire des vins pétillants connaît une rupture dans les années 1670-1690, avec la naissance des vins de Champagne mousseux. C’est la première fois qu’un vin pétillant est associé à un territoire précis, la Champagne. C’est aussi la première fois que des techniques spécifiques de vinification sont mises au point.

Le vin de Champagne mousseux connaît rapidement un grand succès, en Angleterre puis en France dans les années 1700. Vin extravagant (expulsion du bouchon, mousse), éveillant les cinq sens, mais aussi très cher, il se diffusa d’abord dans les milieux aristocratiques. Son coût était augmenté par sa production très difficile. En effet, il fallait conserver le vin pendant plus de six mois en tonneaux, puis le mettre en bouteilles au printemps et attendre jusqu’à l’automne. La mousse prenait lorsque le sucre présent dans le vin au printemps était encore suffisant pour provoquer naturellement une seconde fermentation.

Or, les producteurs de Champagne ne connaissaient pas les mécanismes de cette seconde fermentation. Souvent, la prise de mousse échouait faute de sucre. Plus souvent encore, les bouteilles explosaient lors de la prise de mousse. Il fallut en fait près d’un siècle et les efforts de nombreux producteurs, des années 1700 aux années 1800, pour élaborer des techniques spécifiques : bouchage au liège avec ficelle en lin puis en fer ; sélection des bouteilles les plus résistantes ; variation de la date de tirage en bouteille en fonction des années ; ajout de sucre dans le vin déjà en bouteilles ; utilisation de caves à température stable pour améliorer la conservation des vins ; élimination du dépôt par la technique du dégorgement à partir des années 1780-1790.

C’est ainsi, qu’à la lueur de documents avérés, que le champagne est sur un plan historique le premier vin mousseux produit dans un territoire déterminé – la Champagne – et de manière régulière par des producteurs locaux.

L’âge de la célébrité du vignoble

Histoire de la Champagne

Au XVIIIème siècle, le Champagne devient célèbre à la Cour de Louis XV et est définitivement associé à une image de fête, de luxe et de volupté. La Marquise de Pompadour dira : « le Champagne est le seul vin qui laisse la femme belle après boire ». C’est d’ailleurs à cette époque que les premières maisons de Champagne apparaissent, telles que la maison Ruinart en 1729 ou la maison Moët en 1743.

Lors de la débâcle napoléonienne en 1815, la Champagne est occupée par des officiers prussiens, autrichiens et russes qui deviennent de francs amateurs de Champagne, contribuant à la fin de ces guerres à l’internationalisation de sa consommation et à l’implantation de groupes rhénans dans la région pour procéder à des échanges commerciaux. La filière viticole champenoise n’aura alors de cesse de se structurer tout au long du XIXème siècle.

Création des appellations du vignoble champenois

En 1887, le syndicat des grandes marques de champagne obtient la propriété du mot « Champagne » pour tous les vins issus de la région. En 1908, une première zone d’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) est tracée, portant sur 15 000 hectares ; la délimitation définitive de 34 000 hectares est donnée en 1927. L’AOC impose 35 règles de qualité comme celle de la limitation à sept cépages autorisés (dont les principaux sont le pinot noir, le pinot meunier et le chardonnay), limitation du rendement à l’hectare et au pressurage, ou une durée minimum de vieillissement, …

Aujourd’hui, le vignoble champenois, à découvrir notamment lors de stage œnologique, s’étend sur quatre espaces très différents – la Montagne de Reims, la vallée de la Marne, la Côte des Blancs, la Côte des Bar – et ses 15 000 vignerons sont les dignes héritiers de cette histoire viticole champenoise.

Sur la route des vins de Bourgogne : à la découverte de la Côte de Beaune


Il est parfois difficile de s’y retrouver parmi les multiples régions, communes et appellations du vignoble bourguignon. Aujourd’hui, on vous propose de partir à la découverte d’une des régions les plus renommées de la Bourgogne des Grands Crus : la Côte de Beaune. En espérant que cette rapide présentation encourage les moins initiés à se plonger parmi les appellations et terroirs d’exceptions de ce vignoble, et serve de rappel aux amateurs avertis.
La Bourgogne se décompose en 6 grandes régions viticoles, du nord au sud : le Chablisien près d’Auxerre, la Côte de Nuits, la Côte de Beaune, la Côte chalonnaise, le Mâconnais, et enfin le Beaujolais.

Chacune de ces régions possède des caractéristiques propres, du Beaujolais connu pour son fameux Beaujolais nouveau, au Chablis pour son appellation mono-cépage (le chardonnay), en passant par la Côte de Nuits avec les vins rouges parmi les plus chers au monde (Romanée-Conti pour n’en citer qu’un..), la Côte chalonnaise et le Mâconnais encore peu connus mais à découvrir, et enfin la Côte de Beaune, le terroir des plus beaux vins blancs du vignoble français.
Ces différentes subdivisions du vignoble de Bourgogne appellent une géologie et une météorologie spécifiques, mais nous éviterons de rentrer dans ce genre de détails !

La renommée du vignoble de la Côte de Beaune est étroitement liée à sa capitale, Beaune, siège historique et économique de la Bourgogne viticole. Le vignoble s’étend en effet autour de cette  ville, de Ladoix-Serrigny au nord jusqu’à Cheilly-lès-Maranges au sud, chevauchant les départements de la Côte-d’Or et de la Saône-et-Loire.
Seuls deux cépages sont recensés au sein de ce vignoble : l’un rouge, le Pinot noir, et l’autre blanc, le Chardonnay à l’origine des vins blancs parmi les réputés au monde.

Longer les 30 km de la route des Grands Crus de la Côte de Beaune revient à parcourir quelques 20 communes viticoles, une trentaine d’appellations spécifiques, en plus de celles propres à tout le vignoble bourguignon, telles que les appellations génériques Bourgogne, Bourgogne-Aligoté, … Quelques noms évocateurs (Pommard, Corton-Charlemagne, Montrachet, ..) font briller les yeux et saliver les papilles de tous les amateurs de vins du monde.

Parmi les villages produisant des Grands Crus on distingue :
Aloxe-Corton (appellations : aloxe-corton, corton-charlemagne, charlemagne et corton) ;
Pommard (appellations : pommard et bourgogne-hautes-côtes-de-beaune) ;
Savigny-lès-Beaune (appellations : savigny-lès-beaune, côte-de-beaune-villages, bourgogne-hautes-côtes-de-beaune) ;
Meursault (appellations : meursault, blagny, sainte-marie-la-blanche, volnay et bourgogne-hautes-côtes-de-beaune) ;
Chassagne-Montrachet (appellations : chassagne-montrachet, bâtard-montrachet, criots-bâtard-montrachet, montrachet et côte-de-beaune-villages) ;
Puligny-Montrachet (appellations : puligny-montrachet, bâtard-montrachet, bienvenues-bâtard-montrachet, montrachet, chevalier-montrachet, blagny et côte-de-beaune-villages).

Si les grands crus de ces appellations ne sont pas accessibles à toutes les bourses, tout un chacun pourra trouver son bonheur, à partir de 10€, sur des appellations moins réputées ou non classées en Grand Cru ou Premier Cru. Et pour approfondir vos connaissances en la matière, n’hésitez pas à partir en stage œnologique en Bourgogne.

Vers une nouvelle géographie viticole ?

La carte des vignobles est amenée à changer par le fait climatique, le saviez-vous ?

On ne cesse de parler du réchauffement climatique, et bien il semblerait qu’il ait un impact dans tous les domaines, y compris dans celui des vignobles et du secteur viticole. En effet, ce changement climatique imposera progressivement une redistribution de la géographie viticole. Les zones nordiques sont normalement trop froides et trop humides pour la production de vignes, la limite septentrionale des vins de qualité se situant au niveau des régions françaises de Bourgogne et d’Alsace. Et pourtant, plus le climat se réchauffe, plus cette limite va se déplacer vers des régions plus au Nord, profitant ainsi à des pays aujourd’hui non producteurs. Les régions productrices vont quant à elles devoir adapter leurs stratégies et développer de nouveaux cépages si elles veulent survivre.

Zone viticole en Europe

Des investisseurs commencent à parier sur la création de vignobles aux Royaume-Uni, comme au Pays-Bas, en Pologne, en Russie ou dans le sud de la Suède, tandis que l’Australie commence à transférer ses vignobles vers la Tasmanie. Le climatologue américain Lee Hannah annonce la mort prochaine d’une partie du vignoble méditerranéen et français (Bordelais, Provence, Languedoc-Roussillon, Vallée-du-Rhône…), la réduction de la zone viticole européenne d’au moins 40%. L’impact du réchauffement climatique ne se réduira bien évidemment pas qu’aux zones européennes, la réduction des vignobles d’Argentine, du Chili, des Etats-Unis ou de l’Afrique du Sud étant aussi à prévoir.

Les zones méridionales sont confrontées de plus en plus régulièrement à des vagues de chaleur extrêmes, amplifiant la problématique du stress hydrique. Les vignerons doivent être d’autant plus attentifs et trouver des solutions pour aller à l’encontre de ce phénomène, ce qui engendre un travail supplémentaire de création, d’adaptation et de vigilance, et finalement comme un effet de domino une augmentation du coût de production, une diminution des rendements, et au bas de l’échelle une augmentation du coût de vente des vins.
Si nous prenons le cas du Languedoc, les vins produits en plus grande quantité que dans d’autres régions françaises, sont nécessairement vendus à des prix moins élevés. Cependant, si les coûts augmentent, par l’installation de matériels d’irrigation par exemple, les vignerons devront s’orienter inévitablement vers un autre modèle que celui d’une production quantitative s’ils veulent affronter cette crise.

Une meilleure connaissance des cépages et de leur évolution est aujourd’hui absolument nécessaire et est l’un des enjeux du monde viticole. Les chercheurs se tournent de plus en plus vers la création d’OMG pour obtenir des variétés plus résistantes au réchauffement climatique.